Arbre aliment providentiel pour toutes les civilisations méditerranéennes depuis les temps bibliques, le Figuier Ficus carica est un arbre mythique.
Sa grande feuille palmée cacha, avant celle de la vigne, sur les icônes, la nudité d’Eve et d’Adam.
« Planté un figuier est signe de prospérité, l’arracher doit amener un malheur dans l’année. » On raconte qu’en Toscane, au XIVè siècle, les statuts de plusieurs villes obligeaient les propriétaires ruraux à planter dans leurs domaines au moins huit figuiers.
« On ne mange de bonnes figues en France que dans le Midi » dit Alexandre Dumas dans son dictionnaire « grandgousier. Quelques noms de figues : Aubicou, Barnissote, Caravanquin, Dauphine, Esmirna, Florentine, Gentilla, Lampeira, Négrette, Panachée, Ragusa, Safranée, Tapa cartin, Ulls de Paerdiu, Verdale, Zidi…
La marseillaise, La Goutte d’Or, La Grise de Saint-Jean, la Dauphine, La violette de Solliès ou barnissote noire, la noire de Caromb, La Bellone, La pastillère…
Le figuier a un cycle très complexe :
« L’arbre spontané, celui qu’on dit sauvage et qui pousse en tout lieu, est de fait une communauté de figuiers mâles et femelles. Les figuiers mâles sont appelés caprifiguiers et donnent des « figues de bouc » ; les figuiers femelles ou » domestiques » sont les seuls à offrir des figues comestibles. C’est ce dernier que l’homme a choisi dans la nature, en le sélectionnant pour réaliser une culture appropriée.
La figue est un réceptacle (sycone), une urne fermée dont l’intérieur est tapissé de fleurs serrées. Au creux de cette cavité sont logées les fleurs femelles formées d’ovaires qui portent les styles ; le pistil (gynécée) donnera après fécondation la partie charnue et sucrée du fruit dans laquelle on apercevra les petites graines (akènes). Les vrais fruits au sens botanique ne sont que ces innombrables pépins. Dans la partie supérieure de la figue se trouve l’œil qui après dilatation de cette « pupille figurée » découvrira le ciboire. Les fleurs mâles sont regroupées dan cette zone, attenantes au point de sortie.
Un messager génétique appelé blastophage (Blastophaga psenes, agaonide de la parenté des guêpes et abeilles) est nécessaire dans le cycle du figuier. Il n’existe et ne se développe que dans cet écosystème. Autant d’espèces de blastophages que d’espèces de figuiers.
Cet hyménoptère demeure dans les figues du caprifiguier. L’heure venu de la ponte des œufs, il s’échappe chargé du pollen pris sur les fleurs mâles et va s’introduire dans une autre figue d’un arbre mâle ou femelle. Il ne pourra déposer le pollen que sur les stigmates, les styles des fleurs femelles étant trop longs et empêchant la ponte, permettant ainsi une fécondation et la transformation des fleurs en petits fruits.
Si par contre il pénètre dans un fruit de caprifiguier, les styles des fleurs étant plus courts, il déposera son œuf pour sa propre reproduction. La fleur deviendra une galle et cela donnera naissance à un autre insecte.
Le figuier donne ses premières poussées vers la fin mars et les bourgeons à figues, ces grains de poivre, situés à l’extrémité du rameau vont produire des figues retardées au printemps (figues-fleurs). Les figues non retardées (figues d’automne) apparaîtront au début de l’été, à l’aisselle des feuilles d’un nouveau rameau, pour livrer la deuxième récolte."
Source : Pour un panier de figues – Clément Serguier – Editions A. Barthélémy
Pour compléter : Le Figuier – deux fascicules – 1987 – les Ecologistes de l’Euzière.