Il y a déjà quelque temps que je songe à écrire une petite note sur les plantes d’herboristerie que nous croisons lors de nos croisades botaniques. Pourquoi ? Car chaque sortie à ses plantes utiles spécifiques et pour ceux qui l’ignorent, je suis en apprentissage d’herboristerie phyto-aromathérapie. Je ne garantis pas une régularité de métronome, mais j’essaierai de suivre la cadence hebdomadaire.
Pour cette sortie, Il y en avait deux qui m’ont interpellé : Satureja montana et Hyoscyamus niger. La dernière ayant une réputation notoire pour des utilisateurs avertis, je vais m’étendre sur la Sarriette, ou Sarriette commune, des jardins, vivace, savourée, sadrée et poivrée ou poivrette, poivre d'âne, Herbe de St-Julien et dans le sud Pèbre d'ai ou Pèbre d'ase [1].
Monsieur Dioscoride disait d’elle « qu’elle émeut la luxure », sarriette, satyre, c’est un peu tiré par les dieux « grecs ».
Satujera montana L., vivace, Satujera hortensis L. annuelle [2], plantes méditerranéennes, Nous traiterons de la sarriette des montagnes. Petit arbrisseau vivace de 10 à 40 cm de haut, à tiges dressées et ramifiées, ligneuses dans leur partie inférieure, portant des petites feuilles allongées, poilues, coriaces, luisantes, opposées, ciliées sur le bord, lancéolées, vert cendré au-dessus, argentées au revers. Le feuillage est persistant. Les jeunes pousses des rameaux et les feuilles ont une odeur très forte, épicée et poivrée. De juin à septembre, des épis terminaux de petites fleurs roses, blanches ou lilas s’épanouissent à l’aisselle des feuilles. Les fleurs sont disposées en grappes unilatérales de petits glomérules. L’odeur est aromatique, la saveur est amère et chaude [3].
La sarriette des montagnes, qui pousse à l’état sauvage sur les coteaux arides et rocailleux du Midi, se rencontre d’une manière générale dans le sud de l’Europe et en Afrique du Nord. Elle aime les sols calcaires et se trouve rarement au-dessus de 1.500 m.
Les parties utilisées sont les feuilles et les sommités fleuries. En culture, la sarriette se multiplie par semis au printemps vers la fin avril. La levée des graines prend de six à huit jours et la récolte peut se faire deux mois plus tard. On utilise également le bouturage semi-herbacé pour la reproduire. Heureux soit ceux qui sont repartis avec un pied dans la main, elle a de grandes chances de reprise. Toutefois, cette technique de transplantation n’est pas recommandée pour la conservation des plantes dans les stations.
La Sarriette dans la cuisine… j’ai entendu lors de notre sortie, une personne, fin connaisseur culinaire, qu’il mettait la Sarriette que dans les haricots. Bravo, elle en facilite la digestion. En Allemagne, elle est appelé Bohnenkraut (littéralement « herbe aux haricots »), par allusion à ses propriétés antiflatulentes. La Sarriette est un des composants des herbes de Provence et l’ajout dans vos plats quotidiens fournira un apport non négligeable d’anti-oxydants. Les anti-oxydants, en résumé, vous permettront de moins vous « oxyder » et sont donc des éléments importants pour la lutte contre le vieillissement et le cancer. N’en voyez pas un remède alchimique mais un soutien bien utile. Il est bien connu des nutritionnistes que le régime méditerranéen a mille vertus [4].
Coté santé, la sarriette a des propriétés antifongiques et antibactériens, anti-inflammatoires et antidouleur ainsi qu’antispasmodiques et antidiarrhéiques [5]. Elle est bien dotée en Fer, Manganèse, et source de Calcium, magnésium, et vitamine B6 [5]. Son huile essentielle riche en carvacrol, est une anti-infectieuse majeur, antiseptique, stimulant des défenses immunitaires et bon tonifiant général. Elle est donc recommandée dans les infections intestinales bactériennes ou parasitaires, les infections pulmonaires virales ou bactériennes, les infections parasitaires [6]. Il faut la retenir pour des cas de bronchites chroniques, les cystites et les infections intestinales notamment tropicales.
Elle peut se prendre sous forme de tisane en infusion de 10 min (sans bouillir l’eau) avec 10 à 20 g de sommités fleuries par litre d’eau ou de feuilles et à raison de 3 tasses par jour après chaque repas en cas de troubles digestifs, pour ses effets antiseptiques et carminatifs (action sur les coliques et les flatulences).
Il est déconseillé de la prendre sous d’autres formes qu’en cuisine pour les personnes sous anti-coagulants. L'huile essentielle de sarriette des montagnes est interdite chez la femme enceinte pendant toute la grossese et chez l'enfant de moins de 6 ans. L'usage externe est contre-indiqué sauf très localisé en raison de sa dermo- causticité.
Mon conseil : une décoction pour usage externe en cas de plaies infectieuses : Faire bouillir une poignée de Sarriette et de fleurs de Calendula officinalis dans un litre d’eau pendant 10 min et laisser reposer jusqu’à une température chaude pouvant être appliquer sur la peau. Imbiber une compresse de cette préparation et appliquer sur la zone infectée ; si possible tenir au chaud dans un lainage. Renouveler l’opération si nécessaire en fonction de la plaie. En cas de mycoses sur les pieds, tenter le bain de Pied de Sarriette…
Bon soin naturel.
Pour ceux qui veulent en savoir plus, quelques références ci-dessous :
Jacques Pellecuer, La Sarriette des montagnes: Satureia montana L., étude botanique, biochimique, pharmacologique et économique.
Baudoux, J. L’aromathérapie, se soigner par les huiles essentielles, 2012.
1 :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sarriette2 :
http://www.florealpes.com/fiche_satujerahortensis.php3 :
http://www.bleudargens.fr/fr/plantes-exploitation-bleu-dargens-haut-verdon/72-sarriette-des-montagnes.html4 :
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15788119?dopt=Abstract5 :
http://www.passeportsante.net/fr/Nutrition/EncyclopedieAliments/Fiche.aspx?doc=sarriette_nu6 :
http://www.aroma-zone.com/aroma/fichesarriettedesmontagnesBIO.asp7 :
http://www.cevenat.fr/LinkClick.aspx?fileticket=wCro0TTkkQY%3d&tabid=228&language=fr-FR