Bonne lecture de cette fiche d'une des belles fleuries de notre journée :
En fin de saison botanique, les fleurs se raréfient mais les plantes médicinales sont là . Les ripisylves sont des habitats écologiques d’intérêt patrimonial, avec des fonctions de corridor biologique, comme zone tampon, pour sa richesse et diversité biologique spécifique ou comme zone naturel de protection des crues. Elle abrite une variété floristique intéressante entre des espèces introduites, et les indigènes. Les gravières entourées par des ripisylves sont des milieux tourmentés, la visite de jeudi nous l’a confirmé. Sa flore est en mouvement, instable, et varient intensément en fonction des conditions hydrologiques annuels. De ces deux dernières sorties, j’ai listé un nombre d’herbes utiles en thérapie. Le Houblon aurait pu faire l’objet d’une fiche mais l’Onagre a suscité mon intérêt, peut-être pour faire honneur aux dernières fleurs saisonnières ou alors car elle se nomme aussi l’herbe aux ânes, en référence au superbe baudet.
L’Onagre bisanuelle, Oenothora biennis L, herbes aux ânes, Jambon de saint antoine, Primevère du soir, Oenothera, Oinos en grec, vin, et ther, bête sauvage. La racine trempée dans du vin apprivoiserait les bêtes sauvages [1-2-3]. Selon Christiane Rochefort, Onagre évoque l’animal sauvage comme l’odeur de la fleur vinaigrée, qu’il est possible d’imager comme une odeur calmant les bêtes un peu bête. D’ailleurs les amérindiens s’en frottaient les pieds avants d’aller à la chasse aux bêtes [6]. Biennis, bisannuelle bien que certains pieds seraient annuel [4]. En Turc, elle se nomme Ezan Ciçegi, de « ezan » (appel à la prière) et « çiçek » (fleur) : ses fleurs s’ouvrant à l’heure où le muezzin lance son appel pour inviter les fidèles à la prière du soir [1]. Pour certains, l’éclosion crépusculaire des pétales est un rituel artistique, un spectacle du soir s’offrant à la vue de ceux qui ont le regard curieux : Primevère du soir, evening primrose, evening star pour nos voisins anglo-saxons. Jambon de jardinier ou jambon de saint antoine serait relatif à son aspect rose après cuisson [2-7]. Les anglais contemplent, les français savourent.
Introduite d’amérique du nord, dans les ballasts des navires qui étaient déchargées dans les ports, d’où elle commença sa colonisation dans les dunes arrières littorales, L’onagre apparaît en Europe seulement à partir du XVIIIème siècle [1,6,7]. De la famille des Onagracées, dressée, de hauteur de 50 cm à deux mètres, largement pourvues de feuilles denticulées et oblongues pour les basales et lancéolées pour les caulinaires, les fleurs sont jaunes, grandes, en épis feuillés, avec des poils glanduleux sur le pédoncule floral formant des capsules cylindriques dressées, appliquées sur la tige où se logent des graines tétragones [8] dont les petits granivores à plumes se délectent. Répandu sur toute la France et l’Europe, elle affectionne plus particulièrement les lieux sablonneux en pleine lumière [1-2-7].
L’Onagre était utilisé traditionnellement par les amérindiens. Ils en consommaient les racines comme aliments ou sous forme d’infusion pour adoucir les maux de gorge, les feuilles étaient utilisées en cataplasmes pour soigner les contusions et blessures et les graines écrasées avec un pilon étaient utilisées pour guérir notamment de nombreuses affections cutanées [1-4-6]. En alimentaire, les racines bouillies de deuxième année peuvent être consommées ainsi que les feuilles. Concernant une utilisation médicinale, c’est dans les graines que se concentrent les actifs de la plantes, plus spécifiquement dans l’huile d’onagre. L’huile de graine d’onagre contient de l'acide gamma-linolénique (AGL) autour de 10%, un acide gras poly-insaturés de type oméga-6 et de l’acide gras linoléique autour de 70%. L'AGL serait directement lié à la production des prostaglandines de série 1 (PGE1) au détriment de celles de série 2 (PGE2). L'acide gamma-linolénique est un acide gras synthétisé naturellement par notre corps à partir d'acide linoléique. Cet acide gras est essentiel à l'immunité, aux défenses anti-infectieuses et anti-allergiques et à un rôle important dans l'hydratation et la souplesse de la peau. Or, un organisme en mauvaise santé « diabète, eczéma, syndrome prémenstruel, hypercholestérolémie, excès d’alcool, ne fabrique plus suffisamment l'AGL dont il a besoin à partir de l'acide linoléique tiré des huiles végétales polyinsaturées : tournesol, carthame, maïs, soya, etc. Les prostaglandines, composant biologique très actif, se trouvent dans presque tous les types de cellules, et sont des régulateurs vitaux qui contribuent au bon fonctionnement des divers organes corporels [3-6-9]. Par cet effet, il réduirait donc les mécanismes qui déclenchent l'inflammation et pourrait avoir un effet ralentissant sur le vieillissement de la peau [9]. L’huile d’onagre de par son apport en oméga 6, a donc un intérêt cosmétique, comme reconstituant épidermique, anti-oxydant donc anti-vieillissement, apaisant, hydratant et adoucissant [3-6-9-11]. L’huile d’onagre pourrait réduire les symptômes de l’arthrite rhumatoïdes [6-9] , contribuerait à réparer les dommages aux nerfs (neuropathie périphérique et diabétique) associés à certains médicaments et plus largement aide au bon fonctionnement du système nerveux [6-10], soignerait l’eczéma et dans une moindre mesure les dermatites (reconnu dans de nombreux pays européens) [6-10-11-12-13], soulagerait les symptômes prémenstruels en cure de plusieurs mois [3-6-9-10-12]. Elle est mentionnée ayant un effet bénéfique sur le système cardio-vasculaire, en cas de troubles digestifs, d’asthme, aiderait à la réduction du taux de cholestérol, aiderait à la régulation de circulation sanguine et la tension artérielle [3-6-9-10-11-12-13].
En précaution, l’association avec des corticostéroïdes pourrait réduire son effet et elle pourrait augmenter l’effet anti-coagulant et antiplaquettaire de certains médicaments de ce type notamment l’aspirine [10-12-14].
En suggestion, je la recommanderai dans des préparations cosmétiques pour des soins du visage et de la peau en mélange d’autres huiles végétales et des huiles essentielles [11]. En interne, en cas de problèmes de peau de type eczéma, et pour l’ensemble de ces bienfaits, une cure d’onagre en huile pressée à froid ou en second choix en capsule ne vous fera que du bien.
Bon soin naturel.
Pour ceux qui veulent en savoir plus, quelques références ci-dessous :
1.
http://www.lafeuillecharbinoise.com/?p=6358Fiche ethnobotanique, Botamycos, 27 juin 2013.
2.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Onagre_bisannuelle3.
http://fr.marnys.com/magazine/fr/art0205-lonagre-la-plante-de-la-femme.asp#.UinPEz-XTSE4. Boullard, bernard. Plantes médicinales du monde, croyances et réalités. 2001. Page 373.
5. Isabelle constant. Les mots étincelants de Christiane Rochefort: langages d'utopie. 1996. Page 63.
6.
http://www.ponroy.com/plantes/O/l-onagre-17.
http://www.tela-botanica.org/bdtfx-nn-44471?referentiel=bdtfx&niveau=2&module=fiche&action=fiche&num_nom=44684&type_nom=nom_scientifique&nom=onagra8. Le badaud des garrigues : sortie du 05/09/2013.
9.
http://www.passeportsante.net/fr/Solutions/PlantesSupplements/Fiche.aspx?doc=onagre_huile_ps10.
http://www.catie.ca/fr/feuillets-info/vitamines-supplements/huile-onagre11.
http://www.aroma-zone.com/aroma/ficheHVonagre.asp12.
http://robin.arma.perso.neuf.fr/cariboost_files/zzplantesmedicinales.pdf, page 205
13.
http://www.herbwisdom.com/herb-evening-primrose.html14.
http://www.ndhealthfacts.org/wiki/Oenothera_biennis