Avec beaucoup de retard cette année, nous avons enfin repris la botanique. Les champignons ne sont hélas pas tous expédiés ad patres, nos mycologues en ont encore trouvé. En ce qui concerne les plantes, nous venions voir Tagetes minuta, une plante naturalisée.
Ce tagète a été introduit, au même titre que d'autres tagètes comme Tagetes lucida, utilisé en bandes florales pour attirer les insectes auxiliaires, et surtout comme l'œillet d'Inde (Tagetes patula) utilisé pour les mêmes raisons, ses propriétés nématicides.
Les nématodes sont des sortes de vers du sol, très abondants, avec une quantité faramineuse d'espèces. Ils sont très bénéfiques. Les champignons les mangent en faisant des sortes de collets avec leurs hyphes, qui piègent les nématodes, ensuite digérés par dissolution externe.
Bien que bénéfiques pour la terre, on les préfère loin des racines, car certaines espèces, dont les nématodes à galles, parasitent lesdites racines, empêchant la plante de pousser, ou compromettant toute récolte de tubercules (complètement déformés et atrophiés).
Habituellement, dans les jardins, on plante des œillets d'Inde, Tagetes patula, mais dans les champs, plutôt Tagetes minuta car il ne nécessite aucun entretien (Jeuffrault, E. 1991. Étude des modalités d'utilisation en culture dérobée de Tagetes minuta, plante nématicide - Mémoire, École Nationale Supérieure des Sciences Agronomiques Appliquées, Dijon).
Ensuite, il se naturalise en certains lieux ; la plante est nitrophile et indique donc un lessivage d'azote dû à un manque de couverture du sol et un excès d'apports.
Elle aurait des vertus antifrelons, selon Paul Lopez, Ingénieur à la Chambre d'Agriculture des Alpes de Haute Provence, responsable grandes cultures, maraîchage et PaPAM (Plantes à Parfum, Aromatiques et Médicinales). Toutefois, je n'ai trouvé aucune source pour corroborrer ses dires :
« Il y a quelques années déjà , j'ai observé que Tagetes minuta a la particularité de produire une substance (sur le végétal) et ce même avant floraison, qui attire les frelons et les détruit de façon radicale. Je précise que dans le champ que j'ai suivi jusqu'à la récolte, le sol était couvert d'un tapis de guêpes et frelons sans aucune abeille, alors qu'un rucher se trouvait à moins de 50 m. Cette information est d'une importance capitale pour la lutte contre le frelon asiatique, tout au moins pour protéger les petits ruchers qui ne transhument pas »
On dit également que Tagetes minuta élimine le liseron, par émission de substances toxiques via ses racines mais, là encore, je n'ai trouvé aucune sourcé sérieuse pour le confirmer. Contre le liseron, il vaut mieux agir naturellement (éviter les excès de nitrates et décompacter le sol).
Vous pouvez l'utiliser en cuisine, comme aromate. Les peuples d'Amérique du Sud le consomment en boisson, à usage médicinal problèmes de refroidissement, pulmonaires et digestifs) et culinaire. Le nom varie suivant les lieux : chinchilla, chiquilla, chilca, zuico, suico, anisillo, Wacatay, Huacatay, camamilla americana.
Enfin, la plante est cultivée pour la production d’huile essentielle utilisée dans l’industrie du parfum et dans l’industrie alimentaire, sodas, liqueurs, pâtisseries, sucreries, glaces, condiments.
Quelques précisions scientifiques ur
http://semences-partage.net/viewtopic.php?t=16294, d’après un article de Jacqueline .A. Soule dans « New Crops » édité par les éditions J. Janick and J.E. Simon (1993) :
« Tagete minuta contient de nombreux composés secondaires (Rodriguez et Mabry 1977) : monoterpènes acycliques, monocycliques et bicycliques, sesquiterpènes, flavonoïdes, thiophènes et composés aromatiques.
Il est prouvé que les composés secondaires des Tagetes Minuta sont des moyens de dissuasion efficaces pour nombreux organismes, dont: les champignons pathogènes des humains (Camm et al 1975), les bactéries (Grover et Rao 1978), les vers ronds en général (Loewe 1974), trématodes (Graham et al., 1980), les nématodes (Grainge et Ahmed, 1988) et de nombreux insectes nuisibles grâce à plusieurs mécanismes différents (Jacobsen 1990; Saxena et Koul 1982; Maradufu et al 1978;. Saxena et Srivastava 1973 ).
Ces composés secondaires ont démontré une valeur médicinale chez l'homme
(Kennewell 1990). Korolkovas et Burckhalter 1976) Hethelyi et al. (1986), ont montré l'activité anti-microbienne de cinq composés secondaires des Tagetes Minuta : bêta-ocimène, dihydrotagètone, tagètone, (Z) -ocimènone,(E) -ocimènone.
En les testant sur 40 souches de bactéries et les champignons, l'huile essentielle de T. minuta a eu un effet 100% d'inhibition sur les bactéries Gram-positives, un effet inhibiteur de 95% sur les bactéries à Gram négatif, et un effet d'inhibition de 100% sur les champignons.
En 1990, Hudson a testé les différents composés secondaires pour leur activité antivirale, et constaté que les thiophènes ont démontré la plus grande action antivirale à des doses plus faibles, et avec le moins de toxicité globale.
Parmi les thiophènes, des molécules ayant deux ou plusieurs unités de thiophène ont montré l'activité la plus élevée. Dans tous les cas, le meilleur succès fut contre les virus enveloppés.
Ensuite Hudson a testé 32 thiophènes, évalué leur efficacité et sélectionné les 10 les plus efficaces.
Auparavant en 1964, Atkinson et al. Avait identifié les thiophènes trouvés dans Tagete Minuta. Une comparaison des résultats de Atkinson à ceux de Hudson, montre que sept des 10 thiophènes anti-viraux les plus efficaces se trouvent dans la Tagete Minuta. »
LES PLANTES FLEURIES
L'an dernier en décembre, nous avons observé entre 37 et 48 espèces fleuries par sortie, mais dans des milieux traditionnellement plus fleuris (Salagou, Mourèze, Vendres).
30 espèces fleuries :
Andryala integrifolia
Arbutus unedo
Calamintha nepeta
Calendula arvensis
Calluna vulgaris
Centaurea pectinata
Chenopodium album
Conyza sumatrensis
Daucus carota
Echium vulgare
Erica cinerea
Erodium cicutarium
Erophila verna
Euphorbia segetalis
Galium lucidum subsp. lucidum
Hypochaeris radicata
Lactuca viminea
Melilotus albus
Petrorhagia prolifera
Picris hieracioides
Ranunculus bulbosus
Reichardia picroides
Scabiosa maritima
Senecio inaequidens
Solanum nigrum
Solanum villosum
Solidago virga-aurea
Sonchus oleraceus
Tagetes minuta
Tolpis barbata
On constate toutefois, cette année, la présence de plantes différentes, peut-être pas seulement en raison du lieu, mais sans doute aussi à cause de l'automne pluvieux (très, voire exceptionnellement), et des températures plutôt favorables (les jardins en témoignent).
Pour certaines plantes, sans doute n'étions-nous pas passés à côté, grâce au Badaud (trop rarement suppléé) qui s'ingénie à trouver de nouveaux lieux chaque année, ou au moins de ne pas retourner deux années de suite au même endroit. Pour d'autres espèces, on voit à l'œuvre, à travers une telle liste, la variabilité florale comme climatique. Enfin, pour Solanum nigrum, il s'agit sans doute d'une absence de détermination l'an dernier, où nous avions identifié seulement Solanum villosum.
Espèces que nous n'avions jamais vues fleuries en décembre :
Arbutus unedo
Calamintha nepeta
Calluna vulgaris
Centaurea pectinata
Chenopodium album
Echium vulgare
Erophila verna
Galium lucidum subsp. lucidum
Lactuca viminea
Petrorhagia prolifera
Ranunculus bulbosus
Solanum nigrum
Solidago virga-aurea
Tagetes minuta
Tolpis barbata
Le Tagetes minuta :