L’île de l’Aute, située dans l'étang de Bages-Sigean, à moins de 500 m de Port-Mahon, d’une superficie de 40 hectares, fait partie de la ZNIEFF (Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique) et du site classé Ramsar (zone humide d’importance internationale) des Étangs littoraux de la Narbonnaise. Elle est recouverte de garrigues, connue pour sa flore et sa faune exceptionnelles. Sur l’ile se succèdent des milieux humides (prés salés), et des milieux secs (garrigues, pinèdes et falaises).
L’ile possède deux promontoires culminants à 43 m et 57 m (pic des Pierres Blanches). Sur la cote Est, marécageuse, un ancien canal longe le bord. La date de la construction est inconnue ainsi que sa finalité.
De nos jours déserte, l'ile connut plusieurs implantations humaines dès la Préhistoire ainsi que le révèlent de modestes trouvailles, une hache néolithique, des fragments de céramiques antiques. Dans la vallée centrale où convergèrent les habitats et les cultures, des travaux viticoles mirent au jour, vers 1947, des tombes à dalles d'une probable nécropole paléo-chrétienne. Ce type de vestiges, saturés de valeurs religieuses, atteste probablement d'une sanctification des lieux qui transparaît dans la plus ancienne appellation connue de l'île (1309), l'Insula Sancta. A partir d'un gisement archéologique interprété de manière trop hâtive, un simple habitat de pêcheurs du IIIe-IIe siècle av. J.-C., établi dans une anse du sud-est, est devenu un débarcadère du port antique de Narbonne "où les navires transbordaient leurs marchandises sur des allèges". Une communauté de Béguines s'y serait établie vers la fin du XIIIe siècle, pour tenter d'y vivre un idéal de pauvreté évangélique, affranchi des tutelles de la hiérarchie ecclésiale. Fraternité et liberté furent encore, dans la première moitié du XIXe siècle, les stimulants pour des Saint-simoniens qui s'essayèrent dans la mise en pratique de théories utopistes, espérant enfin jeter les bases d'une nouvelle société plus juste. Du saint-simonisme ne survécut dans l'île que l'intérêt particulier que celui-ci conférait à l'agriculture. Un domaine viticole dont il ne subsiste que la principale bâtisse rythma la ronde des jours jusque dans les années 1950. Le conservatoire du littoral acheta en 1984 ces quarante hectares de terre redevenus sauvages et en confia la gestion à la commune de Sigean. Une association des Amis de l’ile de l'Aute, cercle convivial regroupé autour d'une passion commune : l'étang, entretient le domaine par des débroussaillages et quelques restaurations. Elle s'occupe aussi de mémoire, l'un de ses membres vécut son enfance dans l’ile.