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[Didier Vereeck]

Les quelques Ammbhhcistes qui n'étaient pas desséchés après une précédente sortie en garrigue au mois d'août se sont retrouvés vaillants, bravant l'absolue désertification de la végétation sèche comme un balais à pont en cette époque.

Le temps était moins beau qu'annoncé et pour tout dire, sous le vent marin, nous avions un épais casque de nuages denses sur nos têtes, avec un peu de soleil ici ou là, assez pour ne pas regretter un ciel bleu, tant l'astre du jour était ardent en ces rares moments.

Valait-il le coup de transgresser une règle implicite, « si tu n'es pas fou, pas de garrigue en août » ? Eh bien oui, Patrice avait parfaitement préparé son affaire au point qu'une augmentation de ses déjà gras émolluements semble s'imposer, à voter d'urgence au prochain conseil d'administration, car nous avons fait carton plein de plantes pas souvent vues voire rares ou même très rares, les plus belles étant sans conteste Butomus umbellatus, en pleine floraison, la scamonée, Cynanchum acutum, le rubanier, Sparganum erectum, et la spectaculaire Visnaga daucoides en abondance, sans oublier la plus discrète Pulicaria sicula.

Malgré quelques bords de canaux, pas d'incident de randonnée à signaler, sauf à admettre qu'un misérable talus vaut cris et descente sur les fesses quand il reste plus pratique, tels que l'évolution nous a conçus, de marcher debout.

[Jessie Juszczakiewicz]

bonsoir, de toute façon nuages ou soleil rien ne décourage les vaillants botanistes qui ont le plus souvent le nez en bas, ce qui nous permit de voir les très belles fleurs citées ci-dessus par le botaniste débutant. L 'avantage de descendre en short sur les fesses a fait que j'ai un short rare avec une "peinture" des plus réussie" grâce à la garance, qui comme chacun le sait est une teinture. 

[Janine Coste]

Voici la photo du short en question, taché par les fruits de la garance tinctoriale ( c'est la racine qui servait à teindre  les pantalons de nos soldats en rouge jusqu'à la guerre de 14-18).
Ce fut en effet une journée "toboggan" où nous avons retrouvé les sensations de nos jeunes années. Seul Didier a refusé de poser ses fesses par terre. Patrice avait promis davantage de difficultés : il a tenu parole.
Heureusement, les plantes que nous avons vues étaient superbes. Merci au Badaud.

[Janine Coste]

Après le short, voici les jambes de Jessie. Pour ceux qui en douteraient, c'est bien les fruits de la garance qui en sont la cause.

[Didier Vereeck]

C'est pour un défilé ?

[Sylvain Garraud]

Quelques mots sur Visnaga daucoides :

Avant la pause sacrée du déjeuner, patrice nous avait réservé une surprise, en nous présentant sa découverte comme inédite, comme une apiacée et comme plante médicinale intéressante. Ce fût une belle observation : les marocains la surnomment Bechnîkha, forme arabisée du castillan biznaga dérivant du latin pastinaca [1-2] , qui est là, personne ne s’en doutait, c’était la Khella. Une description s’imposait, la voilà ! 

La Khella, Noucka dans le Magreb, Ammi visnaga ou Visnaga daucoides, d’origine méditerranéenne, pour certains d’Egypte [3], a ses quartiers dans l’écologie  méditerranéenne [4]. En France, elle se situe dans l’espace méditerranéen et remonte jusqu’à la partie atlantique chaude de la Gironde à la Charente maritime [4-5].  Présente dans des champs en friches avec une préférence pour les terrains argileux [3-6] ou sableux pour d’autres [5], non cultivés, la khella est rare dans l’Hérault (deux stations connues par patrice). Ammi visnage, en arabe Khella, Fenouil annuel, Toothpickweed selon le pragmatisme anglo-saxon [6], elle se nomme herbe aux cures dents dans le sud de la France. Ammi viendrait du grec de Ammos signifiant le sable et se réfèrerait à l’habitat de la plante plaidant pour la préférence sableuse de la plante [9].

Plante annuelle de 20 à 80 cm de hauteur, ou bisannuelle nitrophile [6], dressée, ramifiée, de tiges striées, ses feuilles sont bi- ou tripennatiséquées, à lanières linéaires, canaliculés, l’inflorescence est une ombelle composées de nombreux rayons, fortement rapprochés dits connivents après la floraison et s’insérant sur un réceptacle floral en large disque à maturité. Les rayons après la floraison se durcissent fortement induisant une utilisation comme cure-dents. Les fleurs sont odorantes et dégagent un puissant parfum attirant de nombreux insectes [4-5-8], le fruit est une diakène ovale servant à la distillation.

Khella était utilisé traditionnellement en Egypte ancienne pour les lithiases et les calculs rénaux [5] figurant dans le Papyrus d’Ebers en 1550 Avt J-C, premier traité de médecine et de chirurgie de l’Egypte ancienne [6]. Ils l’utilisaient aussi contre les desquamations de la peau par frottement des ombelles [5]. Au Maroc, elle s’emploie en décoction des ombelles et des fruits, par gargarisme contre les maux de dents et les soins de la bouche, en fumigation pour les céphalées, et par voie orale pour le diabète, les douleurs des reins et de la vessie et les palpitations de l’aorte, l’hypertension, et le décongestionnement de la prostate [3]. Dans tous le moyen orient, elle est reconnue comme antispasmodique sur les muscles lisses, bronches, tractus gastro-intestinal, voies biliaires, coronaires et sphère uro-génitale [7]. Toutefois, c’est en aromathérapie que l’Ammi est notre amie. Antispasmodique puissante et Corono-broncho-urétérodilitatrice, elle est indiquée dans les insuffisances coronariennes, les hémogliases, l’athérosclérose, les crises d’asthmes, les coliques néphrétiques, hépatiques et les colites spasmodiques [10-11]. Elle est constituée en faible quantité de funarochromones avec la khelline, spasmolytique et photosensibilisant, la visnagine, vasodilatateur coronarien, de pynarocoumarines avec la visnadine et la samidine, de furocoumarines, de flavonoïdes, et aussi de linalol entre 25% et 37%, antiseptique,  anti-inflammatoire et anxiolytique qui associé avec la Khelline est efficace dans son usage dans les coliques et les colites [3-7-12]. Ces propriétés sont mises à profit dans les séquelles d'infarctus et les crises d'asthme bronchique [3]. D’autres usages font mention en cas douleurs prémenstruelles et menstruelles [13]. Khella est donc une plante intéressante en stomatologie (gingivite), spasmolytique sur les crampes gastriques (colites), les coliques, les règles douloureuses, spasmolytique des voies urinaires (lithiase et colique néphrétique), et en d’asthme nerveux ou allergique à combiner avec un antihistaminique [12-13]. La khelline est synthétisé et a été utilisé en prévention pour les angines de poitrines [5] ou encore pour le vitiligo [14].
 
En aromathérapie, elle est déconseillée pour les trois premiers mois de grossesse, à éviter en usage cutané compte tenu de son effet photo-sensibilisant surtout pour les personnes s’exposant au soleil, son utilisation en surdosage peut provoquer des effets secondaires comme des nausées, des migraines ou encore de l’insomnie [3-7-10-11-13-15] .

En suggestion, pour des cas de démarrage d’asthme nerveux,  pour se détendre en situation de stress avec palpitations, ou en cas de coliques et colites : associer Ammi visnaga (2gouttes) avec Origanum majorana (3gouttes), Occinum basilicum (3gouttes), Citrus aurantium ssp aurantium (2gouttes), Lavandula augustifolia (2gouttes), mélanger et appliquer quatre gouttes sur les zones concernées en cas de coliques toutes les ½ heures jusqu’à amélioration et prendre  trois gouttes par voie orale dans du miel ou de l’huile d’olive toutes les ½ heures pendant deux heures. Pour des cas de stress avec palpitations, mettre trois gouttes sur le plexus solaire deux fois en une heure à renouveler une heure si nécessaire. 

Bon soin naturel.

Pour ceux qui veulent en savoir plus, quelques références ci-dessous :

1.   Jamal Bellakhdar. Hommes et plantes au Maghreb: éléments pour une méthode en ethnobotanique .2008, page 300
2.   Fiche ethnobotanique, Botamycos, 27 juin 2013.
3.   http://www.florilab.fr/professionnels/ammi.html#ancre1396932
4.   http://www.tela-botanica.org/bdtfx-nn-72740
5.   http://fr.wikipedia.org/wiki/Khella
6.   http://nature.jardin.free.fr/1104/ammi_visnaga.html
7.   http://www.hippocratus.com/modules/mdc_Fiches_Plantes/detail_plante.php?ID_Plante=khe001
8.   Amédée Dechambre. Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, volume 3. 1865 Page 665
9.   http://www.avogel.com/plant-encyclopaedia/ammi_visnaga.php
10.   http://www.aroma-zone.com/aroma/fichekhella.asp
11.   Pierre franchomme, Roger Jollois, Daniel Pénoël. L’aromathérapie exactement. 2001
12.   http://world-docphytoplus.com/index.php?page=themesdetail&id=492
13.   http://www.webmd.com/vitamins-supplements/ingredientmono-1034-KHELLA.aspx?activeIngredientId=1034&activeIngredientName=KHELLA
14.   http://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=vitiligo-pm-approches-complementaires
15.   http://www.les-epices.com/article/618-Khella-HE

[Sylvain Garraud]

en image

[Sylvain Garraud]

plus proche :

[Jessie Juszczakiewicz]

Bonsoir, quel était le nom de l'aristoloche jaune, vu au sommet du talus menant vers le canal des anglais? La belle araignée dont Daniel Boon a donné le nom argiope bruennichi dont il valait mieux ne pas s'approcher sa morsure provoque une inflammation et est douloureuse et la sauterelle rouge, sauterelle "écrevisse" ou ruspotia nitidula ?

[Janine Coste]

L'aristoloche à fleurs jaunes est Aristolochia clematitis.