Une fois n'est pas coutume, deux fois une répétition, trois fois une habitude. Ma petite note herboristique sur une plante du Jeudi :
Vincetoxicum hirundinaria Medik, le dompte venin ! Sans être latiniste, l’étymologie est claire, cette plante doit être toxique. En croisant un Dompte venin sur la route des anciennes mines de beauxite, il me fallait « dompter » cette plante, modestement. N’y voyez pas quelconque moyen pour venir à bout de méfaits ou autre forfaits, aucun conseil ne vous sera prodigué, cette plante est bien toxique mais …
Du latin vincere « vaincre » et toxicum « venin », Coste la décrit comme un contre-poison. Selon Fournier, c’est l’ancien nom de la gentiane asclépiade dans Césalpini (XVIe siècle) [1]. Hirundaria, selon le site fleurs du sud [1] serait dû à une croyance populaire selon laquelle les hirondelles les utilisaient pour rendre la vue à leurs petits. Dans l’histoire générale des plantes de Jacques Dalechamps et Jean Des Moulins, il rapporte que ce sont gousses qui en s’ouvrant à maturité serait en forme d’ailes d’hirondelles, et que les aigrettes des plumages avec des petits becs d’ « hirondeaux » en nichée [2, 3]. Nommé aussi Vincetoxicum officinale (coste), elle appartient à la famille des Asclépiadacées inclus présentement dans la famille des Apocynacées. Certains l’appellent l’asclépiade blanche ou aussi contre poison [4]. Officinale…
Plante vivace présente dans toute l’Europe jusqu'à 1 800 m d'altitude dans les bois et terrains rocailleux sur sol calcaire. De taille relativement grande, dressée, isolée ou en touffes, à feuilles lancéolées, opposées, serrées contre la tige courte et retombantes [1]. Les fleurs sont blanches jaune-verdâtre ou blanches se développent à l'aisselle des feuilles supérieures. La déhiscence des fruits se fait en fuseaux ovoïdes, laissant échapper à l'automne des graines munies d'une aigrette de poils au sommet. La racine est une souche tuberculeuse rampante [4-5].
La toxicité… Selon les trois principes de l’homéopathie de l’individualisation ou personnalisation « analyse des symptômes dans sa globalité » corollaire de la similitude ou identique ou encore les semblables selon Hippocrate « traitement d’un symptôme par une substance occasionnant les mêmes symptômes ou qui le soigne », et l’infinitésimale ou la dilution « au dixième hahnemannienn (DH) ou le plus souvent au centième (CH), centésimale hahnemannienne (1 CH, c'est-à -dire un taux de 0,01, ou encore 1 % d'une solution de teinture mère et 2 CH 10puissance-4 jusqu’à 10puissance-60 soit 30 CH), le dompte venin peut être considérée comme une plante médicinale avec toutes les précautions d’usages [6-7].
Remontons voir nos ancêtres. Les racines sont bien la partie utilisée. Le manuel de l’herboriste de 1802 de Julia de Fontenelle et Henri Tollard lui confère des propriétés diurétiques et sudorifiques, et bien utile contre le venin [8]. Selon Pierre bulliard citant Pierre Lieutaud, elle contribue à la guérison de la cachexie (affaiblissement profond de l’organisme), les maladies causant une abondance de sérosités (traitement de l’hydropisie), et même les écrouelleux qui en feraient bon usage. Elle est aussi décrite vomitive et hydragogue (purgatif puissant) et encore diurétique. Le Traité complet de pharmacie, théorique et pratique de Julien-Joseph Virey le reconnait encore comme purgatifs et dans la thèse de Isabelle Demouy, il est ajouté un effet émétocathartique [14].
Utilisés en décoction, en macération dans du vin blanc, en cataplasme [1], voici quelques recettes glanées de ci de là , à lire pour le plaisir (page suivante) [10, 11, 12]
Elle est toujours employée et vendue en Suisse, Canada, dans des préparations homéopathiques destinées à un objectif immunostimulant suite à des infections virales, pour nettoyer et purifier le système lymphatique.
En conclusion, nous admettrons ces propriétés purgatives, vomitives, et donc en cas d’empoisonnement ou de venin, nos aïeux n’avaient peut-être pas tort de l’utiliser afin de sortir le mal (ceci n’est pas une recommandation).
Bon soin naturel.
Pour ceux qui veulent en savoir plus, quelques références ci-dessous :
1 :
http://www.fleursdusud.fr/index.php/sz/ves-vin/790-vincetoxicum-nigrum--dompte-venin-noir--apocynacees-2 : Dictionnaire portatif de commerce. 1817, page 144
3 : Histoire générale des plantes, Jacques Dalechamps, Jean Des Moulins. 1615,page 44
4 :
http://www.tela-botanica.org/bdtfx-nn-719945 :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Vincetoxicum_hirundinaria6 :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hom%C3%A9opathie7 :
http://www.creapharma.ch/homeN.htm8 : Le manuel de l’herboriste, Julia de Fontenelle, Henri Tollard. 1802, page 191
9 : Traité complet de pharmacie, théorique et pratique, Julien-Joseph Virey. 1833, page 319.
10 : Pharmacopée universelle ou Conspectus des pharmacopées, A. J. L. Jourdan. 1840, p158.
11 : Le médecin herboriste. 1822, p271.
12 : Manuel progressif de l'herboriste-botaniste préparateur, Piton. 1837, p 261.
13 : Elemens de pharmacie théorique et pratique, antoine de Baumé. 1762 , p 497
14 : Des droguiers d’hier aux médicaments d’aujourd’hui, le droguier menier (XIXès.), Isabelle Demouy. Oct 2010, p 110.