Des retrouvailles, pour cette première sortie botanique de l'année 2015, quelques peu spéciales, on sentait le fardeau d'une souffrance non exprimée.
C'était le lendemain du 7 janvier 2015, jour noir, à jamais, gravé dans nos mémoires.
Mais c'est jeudi et jour de sortie botanique, donc nous nous sommes rendu à la Barque à Bédarieux, lieu d'herborisation prévu.
Un petit coup d'oeil à la vieille bâtisse qui date de la fin du XVI siècle, rénovée et dont une partie est convertie en gîte et que l'on contourne. Superbe.
L'herborisation commence au bas du chemin qui mène vers les hauteurs
Information : Guy préconise de changer le nom A M B H H C, si vous savez lire, si vous pouvez lire ( si vous ne pouvez pas, mettez vos lunettes), vous
en saurez la raison dans le courant de ce compte rendu.
Le peu de fréquentation du lieu a rendu ce chemin assez sauvage, la nature reprend le dessus pour notre plus grand plaisir.
Alors là du jamais vu, aucun livre ouvert, pas une seule page feuilletée.
Les noms fusent, je n'ai pas le temps de lever le nez de la liste qui s'allonge.
Cela grâce aux connaisseuses et connaisseurs de grande envergure, le gratin.
J'entends déjà les commentaires (des autres)" si elle continue, elle va s'en prendre une" et " ce ne sera pas une fleur".
Avec l'accent chantant du sud, celui du milieu, celui du nord, les noms deviennent des notes sur une portée imaginaire, le stylo devient plume, dans
l'air une symphonie, il ne manque plus que la trompette de Sydney Bechet entonnant " petites fleurs qui bordent les chemins ".
Un regard en arrière vers Bédarieux et le paysage agrémenté de la brume légère qui monte du fleuve l'Orb, montre l'offrande de la terre au ciel.
La liste de quelques unes des plantes : asperge sauvage, chêne vert, salsepareille, frêne, aulne, osyris,garance voyageuse, euphorbe de nice,
héllébore fétide, cornouiler sanguin, inule visqueuse, corroyère, genévriers commun et cade, séneçon vulgaire, un calendula n'a posé aucun
souci d'identification, passerage à feuilles de graminées.
Jeanine fait remarquer que le Dorycnium pentaphyllum a 3 folioles et 2 stipules. Christine C a trouvé un Dorycnium hirsutum.
La montée est ponctuée de géologie et d'histoire par Guy, comme celle du Prince Noir fils de Richard II d'Angleterre qui après avoir tout pillé dans la région trouva
asile au château au dessus du Bousquet de la Balme, il reste les ruines du " Castel del Anglès".
Les pas se font plus rapide, les arrêts moins fréquents, car le soleil nous attend là haut. Comme la montée s'est faite à l'ombre, certaines plantes
sont givrées, comme la pimprenelle, des rosaces de feuilles aux bords perlés d'étoiles blanches, un chlore à la tête penchée et jaunie de froid
fait peine à voir, et, c'est ici que le changement de nom préconisé par Guy est révélé ce sera "Pompes funèbres " parce que l'on ne voit
pratiquement que des cadavres.!!!
Nous attendons Bernard B. au soleil près d'un champ de cerisiers, et Jeanine C.nous montre,dans une galle d'églantier, qu'elle ouvre, les larves d'un bédéga.
A midi, nous faisons une minute de silence, en hommage aux victimes de ce monde que nous n'avons pas voulu, que nous ne voulons pas et qu'il
faut combattre.
C'est dans un endroit baigné de soleil que nous sortons les maillots euh! non les gamelles et les gobelets qui nous permettent d'apprécier le
champagne de Guy. Jeanine C. en digne paparazzi ne rate pas la mousse qui déborde.
Après ces ripailles bien arrosées c'est gentiment que l'on redescend, en admirant au loin la ferme de Philippe qui était autrefois appelée le désert
(on comprend pourquoi, avec cet isolement) et elle a contribué à être une cachette pour les protestants et c'est toute une histoire qui nous fût contée par Guy.
Cette descente se fait dans un endroit boisé où le soleil parvient à se faire une place entre les branches défeuillées. On y herborise encore sans relâche.
Pétasites fragance,, Prunus spinosa, nombril de vénus, buplèvre ligneux, clématis flammula et vitalba, Veronique arvensis, etc etc ...
Christine a identifié Viola odorata et Abies cephalonica.
On arrive sur la route de la Barque et là on constate les énormes dégâts et ravages provoqués par les inondations et l'on retourne aux voitures.
Merci à moi-même pour cette très agréable sortie ( on n'est jamais si bien servi que par soi- même). !!!