COMPTE-RENDU PAR DANIEL F.
Très belle sortie que j’ai appréciée pleinement puisque d’une part c’était ma reprise après une parenthèse d’environ
une année et que, d’autre part, il a fait un temps idéal pour batifoler dans la nature. Elle était organisée par les deux
« locales » Paulette et Brigitte dans les faubourgs de Colombières-sur-Orb. Plus précisément, en matinée au domaine
départemental d’Albine puis à la microcentrale sur l’Orb et, l’après-midi, à la tour Carrée du village. Cette dernière
destination impliquant une dénivelée positive d’approximativement 150 m, vous devrez vous contenter de la première
mi-temps car Jessie, seconde préposée au compte rendu n’a, pour sa part, pas pu dépasser la traversée du torrent
d’Albine en direction de cette majestueuse ruine.
J’insiste, nos deux guides ont été impeccables avec des séquences travaux publics, aventures, émotions, gourmandes
et… botaniques.
Dès avant l’heure du rendez-vous sur le parking de la chapelle Saint-Colombe, elles se sont employées à en dégager
l’entrée fermée par de lourdes barrières. J’étais le seul témoin de leurs efforts donc je ne suis pas intervenu afin d’éviter
toute contestation possible de ma parole impartiale quand l’entreprise qui avait posé ces défenses, demanderait des
comptes devant un tribunal.
Seconde étape, le parking du domaine départemental fut rapidement saturé par nos étincelantes voitures. Ce qui n’a
gêné personne pour la bonne raison que seule l’AMBHHC était représentée.
Le départ vers notre lieu d’herborisation par un escalier dérobé (mais restitué par la suite) qui enjambait, dans la foulée,
le torrent cité plus haut mais plus bas (ceux qui n’arrivent pas à suivre peuvent, sans honte, en rester là car je ne suis
pas certain que ça va s’arranger). L’occasion d’admirer, au passage, un magnifique pied d’Anarrhinum bellidifolium tout
en fleurs cramponné sur un vieux mur. Le parcours débouche alors dans une prairie non fauchée ce qui interpelle, en
cette période, mon fond de conscience paysanne mais réjouit mes yeux de botaniste. La traversée de cette verte
étendue nous conduit (hasard ?) non loin d’un cerisier qui est, aussitôt, pris d’assaut et dépouillé de ses drupes par la
troupe prise de folie (j’ai vu des botanistes, habituellement paisibles, sauter de branches en branches …). Pris dans le
mouvement, je me suis même surpris à mâchouiller un noyau dont j’ignorais la provenance (euh, merci Rolland).
Incroyable !
Pendant cette scène d’hystérie collective un des participants qui sûrement était déjà rassasié, a réussi à détecter au
milieu de cette mini jungle de tiges de graminées, une libellule s’extirpant de son exuvie. Ce qui nous donne le plaisir de
voir l’extraordinaire reportage miniature de Michel dans Botamycos. Ce dernier, juste avant, venait de demander
inopportunément à Dominique (experte en avifaune) si les bruits que l’on entendait, étaient émis par des pies. Il lui
avait été répondu qu’il s’agissait du chant de grenouilles. Conclusion : les cerises fraîches mais tièdes (vous étiez
prévenus), améliorent l’acuité visuelle mais détériorent la qualité de l’ouïe.
Une fois la ressource locale épuisée, nous avons enfin pu continuer à traquer les plantes. Il y en avait d’autant plus que
nous venions d’atteindre la mare artificielle habitat des dits batraciens en pleine période de rut qui menaient un boucan
d’enfer. Très belle photo d’Yvon au raz de l’eau au moment où un des ̎musiciens ̎ gonfle ses cornemuses (oui, pendant
le rut, ils en ont deux).
Malgré cet environnement bruyant, nous avons pu relever Nasturtium officinale, Cyperus longus, Carex remota, Iris-
pseudo acorus et Potamogetum crispus dont la nombreuse colonie servait de dance floor aux dites grenouilles.
En nous éloignant sur la pointe des pieds pour ne pas déranger davantage les festivités, nous avons croisé un gros
attroupement de Serapias lingua visiblement non concernés par les ondes sonores proches.
Le groupe des participants parvient un peu plus loin, en ordre dispersé, à la ripisylve de l’Orb qu’il explore en la
remontant jusqu’au chemin qui mène sur la rive gauche du fleuve côtier par un pont bétonné. Le grand champ ainsi
atteint est fouillé minutieusement mais, pour ma part, je reste sur le massif cimenté de la rive droite où je déniche dans
les fissures remplies de limon par les crues : Equisetum ramosissimum, Sagina apetala ssp erecta.
A 12 h 30 ! Il est grand temps de se rassembler pour le casse-croûte car il y a de nombreux suppléments goûteux
provenant du buffet dînatoire des dernières Journées Botaniques qui doivent être impérativement finis ce jour. Une
partie d’entre eux a été apportée par nos amis auvergnats. Les agapes se tiennent à l’ombre d’un résineux au centre du
parking parmi les Silènes gallica var. quinquevulnera. Le bruissant attroupement est installé en rangs serrés sous la
surveillance du clan belge situé, inexplicablement, un poil à l’écart. Malgré les apports nombreux et variés, secs ou
liquides qui sont venus s’ajouter aux menus personnels et aux suppléments déjà cités, nous avons brillamment réussi,
grâce à notre collectif soudé, motivé et hyper-entraîné à ingurgiter tous ces aliments dans les temps impartis ce qui n’a
donc en rien obéré les chances des participants de l’après-midi de monter à la tour pour herboriser avant la tombée de
la nuit.
Sauf que nos organisatrices ont prévu une avant-dernière visite pour aller en voitures jusqu’à la micro-centrale un peu
en amont sur l’Orb, pas pour y étudier comment on arrive à transformer un courant d’eau en courant électrique mais
pour y admirer un champ de Potentilla recta en fleurs. C’est le coup de trop ! A partir de là , tout part en vrille. Un bon
tiers de l’équipe perd le nord et se retrouve à l’entrée de Colombières après avoir été semée par l’allure endiablée des
premières. Il faudra une grosse demi-heure pour rassembler tout le monde à l’endroit ciblé où, entre temps, la grosse
majorité des potentilles, sûrement lassée d’attendre, a perdu les pétales (pas les pédales, elles).
J’ai juste le temps de ramasser Spergula rubra (ex. Spergularia rubra) et Vulpia bromoides avant le rush final en direction
de la Tour. J’en resterai là pour cette reprise en espérant avec un brin d’angoisse tout de même que la fin de la journée
s’est bien passée pour tout le monde et, notamment, qu’il n’y a pas de botanistes en train d’errer sur le Caroux en ce
moment.
Daniel F.
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